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June 21, 2023

« Shoah » au patrimoine mondial de l'UNESCO

L'Association Claude et Félix Lanzmann (A.C.F.L.), présidée par Dominique Lanzmann, veuve du réalisateur, annonce l'inscription de Shoah (1985), film commémoratif du réalisateur français Claude Lanzmann, au Registre Mémoire du monde de l'UNESCO.

Shoah, qui signifie « catastrophe » en hébreu, fait référence à l'extermination de six millions de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Le terme « Shoah » est utilisé en Israël depuis 1948 et en Europe depuis la sortie du film de Claude Lanzmann en 1985, tandis que le terme « Holocauste » est utilisé aux États-Unis.

Les Commissions nationales française et allemande de l'UNESCO ont conjointement proposé la candidature de Shoah au Registre Mémoire du monde. L'ACFL dépose la candidature pour la France et le Musée juif de Berlin pour l'Allemagne, choisi par l'ACFL comme dépositaire des archives sonores préparatoires de Shoah.

Shoah rejoint ainsi le patrimoine cinématographique de la mémoire universelle, les archives des frères Lumière, Metropolis de Fritz Lang, Los Olvidados de Luis Buñuel et tout Bergman. Œuvre essentielle de la tradition orale, Shoah rejoint également Le Journal d'Anne Frank, les archives du ghetto de Varsovie, celles du procès d'Auschwitz et le recueil de témoignages de Yad Vashem. L'histoire se souvient bien peu des siècles. Le XXe siècle est le siècle de la Shoah, il est aussi celui du cinéma. L'inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO confirme la place unique de ce chef-d'œuvre entre art et histoire.

Avec Shoah, Claude Lanzmann donne la parole à ceux qui reviennent des camps. Il rencontre et engage des témoins au plus près de la machine de mort : les Sonderkommandos ou travailleurs juifs, les esclaves utilisés dans les chambres à gaz et les fours, les habitants polonais des camps de mise à mort, et les nazis eux-mêmes, qu'il parvient à convaincre de parler et de filmer en caméra cachée.

Le réalisateur français invente un nouveau cinéma, ni documentaire ni fictionnel. Partant du néant, ou presque, il met magnifiquement en scène les paysages et confronte les témoins sur les lieux du crime.

«Je n'aurais jamais pu imaginer une telle combinaison d'horreur et de beauté. Bien sûr, l'une ne tend pas à masquer l'autre ; ce n'est pas une question d'esthétique : au contraire, elle la souligne avec une telle inventivité et une telle rigueur qu'on a conscience de contempler une œuvre magnifique. Un pur chef-d'œuvre. » Simone de Beauvoir sur Shoah.

Shoah, c'est neuf heures et vingt-six minutes de film, deux cent vingt heures de film, conservées à l'USHMM (United States Holocaust Memorial Museum) à Washington, et autant d'entretiens audio, conservés au Musée juif de Berlin, l'institution choisie par l'ACFL : un symbole fort de l'amitié franco-allemande pour laquelle Claude Lanzmann a œuvré depuis 1947.

Après avoir organisé, en collaboration avec l'Éducation nationale, la diffusion d'extraits de Shoah dans les classes de lycée en France, l'ACFL compte sur l'UNESCO pour étendre son action au monde entier. En effet, Shoah permet de transmettre la connaissance de la plus grande atrocité du XXe siècle à toute personne de plus de 12 ans, transformant le spectateur en témoin, responsable à son tour de la transmission des événements.

Ainsi, du 6 novembre au 20 décembre 2023, Shoah et l'ensemble de l'œuvre cinématographique de Claude Lanzmann feront l'objet d'une rétrospective complète à la Bibliothèque publique d'information du Centre Pompidou, en amont du 100e anniversaire de la naissance de Claude Lanzmann, des 40 ans de la sortie de Shoah et du 80e anniversaire de la libération des camps en 2025.