A l’occasion du centenaire de la naissance de Claude Lanzmann, l'association de psychanalyse Le Regard Qui Bat organise le dimanche 23 novembre à 16h au cinéma Les 3 Luxembourg à Paris une projection du 1er volet de la tétralogie du film de Claude Lanzmann "Les quatre soeurs" qui nous livre les récits de survie de quatre femmes réchappées du nazisme.de Claude Lanzmann "Les quatre soeurs" qui nous livre les récits de survie de quatre femmes réchappées du nazisme.
Claude Lanzmann revient sur le destin de Ruth Elias, Ada Lichtman, Paula Biren, Hanna Marton : quatre femmes ayant vécu l'horreur des camps. Il les avait interviewées en préparant Shoah et consacre aujourd'hui un film à chacune d'elle. Comme dans Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures ou Le Dernier des Injustes, il met en perspective ces récits filmés il y a trente ans afin de comprendre les processus mis en place par le régime nazi pour exterminer les Juifs d'Europe.
Dans "Les Quatre Sœurs - Le Serment d’Hippocrate" (90 min), Ruth Elias a 17 ans en mars 1939, quand les nazis o"ccupent la Tchécoslovaquie. Sa famille se cache durant trois ans dans une ferme, avant d'être dénoncée et déportée au camp de Theresienstadt en avril 1942.
Pendant l’hiver 1943, Ruth découvre qu’elle est enceinte. Elle est envoyée à Auschwitz. En juin 1944, enceinte de 8 mois, elle réussit à entrer dans un groupe de 1000 femmes envoyées à Hambourg pour dégager les gravats d’une raffinerie bombardée.
AVANT-PROPOS DE JEAN-JACQUES MOSCOVITZ :
Ce film fait partie, dans l’œuvre de Claude Lanzmann, du Film "Les Quatre Sœurs", désigné ainsi car il s’agit de quatre femmes ayant survécu, dans un destin identique, face à la violence et la cruauté de la Shoah. Sortis en 2017/18, les 4 volets sont tournés avant Shoah-film. L’auteur y montre son immense talent d’écoute, de Cinéaste, pour nous faire percevoir, de façon exemplaire pour des psychanalystes, combien l’enchaînement des mots dans la parole échangée met en scène des images inoubliables sur la façon dont les nazis font disparaître à jamais leurs victimes dans leur monde de bourreaux. Ici, Joseph Mengele, « l’ange de la mort », le médecin vedette de la rampe d’Auschwitz, met Ruth Elias en place de bourreau de son bébé qui vient de naître : une piqûre de morphine est administrée par l’infirmerie d ’Auschwitz afin qu’il meurt, qu’il ne souffre plus de l’expérience eugéniste opérée par ce médecin fou de haine des juifs, d’empêcher qu’il soit nourri et ainsi de mesurer le temps qu’il va mettre pour mourir dans la douleur et la faim. Et c’est là le rôle de bon nombre de films de LANZMANN de faire en sorte que chacune des victimes ait sa propre mort, qu’elle soit la sienne propre. Oeuvre de symbolisation magistrale d’humanisation de la vie différenciée de la mort. Ainsi met-il en exergue de Shoah le verset d'Isaïe : « Et je leur donnerai un nom impérissable ».
